jeudi 9 septembre 2010

Ô TEMPS, SUSPENDS TON EMPRUNTE...

Le temps est là, inéluctable. C’est notre quotidien, l’horizon indépassable de notre existence. Notre vie est réglée par le temps. D’ailleurs je remarque que ma phrase à un double sens ! Aussi bien le temps météorologiquement parlant, que chronologiquement parlant :-)

Mon rapport au temps est complexe. Ma vie s’écoule et je reste impuissant face à cette force du temps. Qui puis-je ? J’arrive parfois à me couper de cette emprise lors de mes promenades aux parcs. J’admire les arbres par leurs présences imperceptibles pour certains yeux… L’arbre est pour moi un symbole d’éternité, de sagesse mûrie à l’épreuve du temps. Les plus beaux sont là depuis des siècles : ils ont tout vu, tout entendu.

J’aimerai vous faire part de ce célèbre poème de Baudelaire. Pour ceux qui ne connaissent pas c’est le dernier poème de la section « Spleen et Idéal ». Thème du temps, classique dans la poésie romantique et dans Les Fleurs du Mal. Pour Baudelaire, le temps est un poids, démesurément long quand le poète s’ennuie, c’est un supplice.

A noter les nombreuses références au temps : outre le champs lexical de l’horlogerie, on remarque que chaque vers est composé de 6 strophes de 4 alexandrins : 6 x 4 = 24, soit la même division qu’une journée. De plus, chaque quatrain a 4 vers : autant que de quarts d’heure. Enfin, chaque vers a 12 rimes comme les 12 heures d’une horloge. Il y a encore plein de détails mais vous pourriez trouver ça ennuyeux !!!!


L’HORLOGE

Horloge! dieu sinistre, effrayant, impassible,
Dont le doigt nous menace et nous dit: "Souviens-toi!
Les vibrantes Douleurs dans ton cœur plein d'effroi
Se planteront bientôt comme dans une cible;

Le Plaisir vaporeux fuira vers l'horizon
Ainsi qu'une sylphide au fond de la coulisse;
Chaque instant te dévore un morceau du délice
A chaque homme accordé pour toute sa saison.

Trois mille six cents fois par heure, la Seconde
Chuchote: Souviens-toi! - Rapide, avec sa voix
D'insecte, Maintenant dit: Je suis Autrefois,
Et j'ai pompé ta vie avec ma trompe immonde!

Remember! Souviens-toi! prodigue! Esto memor!
(Mon gosier de métal parle toutes les langues.)
Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues
Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or!

Souviens-toi que le Temps est un joueur avide
Qui gagne sans tricher, à tout coup! c'est la loi.
Le jour décroît; la nuit augmente; souviens-toi!
Le gouffre a toujours soif; la clepsydre se vide.

Tantôt sonnera l'heure où le divin Hasard,
Où l'auguste Vertu, ton épouse encore vierge,
Où le Repentir même (oh! la dernière auberge!),
Où tout te dira Meurs, vieux lâche! il est trop tard!"


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