dimanche 20 mai 2012

PIERRE DE VALLOMBREUSE

Voici une belle découverte lors d'une exposition que ce photographe de talent m'a donné envie de partager ici.
Photographe singulier, Pierre de Vallombreuse sillonne le monde depuis 25 ans à la rencontre de peuples autochtones. Sa démarche, personnelle, artistique et engagée témoigne du regard qu'il porte sur les situations des peuples dont il a partagé un temps le quotidien. 
Estimés à plus de 350 millions de personnes à travers le monde et répartis entre au moins 5000 groupes différents, les peuples autochtones représentent la plus grande diversité culturelle de l humanité. Ils possèdent une forte identité" collective marquée par un profond attachement au territoire. La terre constitue pour eux non seulement la base économique et politique de leurs moyens d existence mais également la source de leur identité spirituelle, culturelle et sociale. Souvent marginalisés politiquement, économiquement et culturellement, ils revendiquent le droit de vivre leurs différences dans la dignité. Depuis 2007, ces droits sont inscrits dans une déclaration des Nations Unies adoptée par tous les États. Aujourd’hui, les peuples autochtones luttent pour que ces droits fondamentaux soient respectés. 
Cette exposition détonne par le poids des images. Chaque cliché est lourd de sens. Je me souviens particulièrement de cette photo d'une petite indienne en larmes, recroquevillée sur elle-même, par terre et fixant l'objectif du photographe. C'était poignant. La légende de cette photo était (bien sûr je n'ai plus les termes exacts): "Inde_Etat du Gujerat - Une petite fille est abandonnée par ses parents qui ne peuvent plus subvenir à ses besoins".


"Est-ce que c'est pour m'inscrire dans une tradition familiale et reprendre à ma façon le flambeau porté par mon grand-père et par mon père dans leur lutte pour défendre la liberté ? Est-ce que c'est le fait d'être né moi-même au Pays basque, sur une terre autochtone ? En tout cas, si je chemine depuis 25 ans à la rencontre des peuples autochtones, ce n'est sans doute pas un hasard. J'ai eu la révélation pendant mes études aux Arts décoratifs à Paris.

J'avais envie de faire un grand voyage et j'étais attiré par les forêts où vivaient encore des tribus nomades. Je voulais revenir à la forme la plus humble de la vie sur terre, aller à l'origine des choses, me mettre en état de « renaissance ».

Dès la première nuit dans la jungle, le bruit des oiseaux, la brume : j'ai reçu un tel choc, une émotion comme on en vit très peu dans une vie et je me suis dit : « je serai photographe ! » Non pas pour faire de beaux sujets en couleur mais pour témoigner. La photographie permet de raconter des histoires, d'alerter. À l'instar de Claude Lévi-Strauss, Edgar Morin et beaucoup d'autres, je pense qu'une des garanties d'une vie riche et belle sur terre, c'est la diversité. Si on veut éviter toute forme de dictature, un monde totalitaire, cela me semble être une nécessité absolue. Chaque société a développé une réponse à la vie sur terre et l'on ne peut se passer d'aucune d'entre elles : chaque fois qu'un peuple disparaît, c'est une partie de nous-mêmes qui disparaît.
Mon véritable rôle n'est pas d'être un anthropologue, ce n'est ni ma volonté, ni ma formation d'origine, mais d'être un témoin, parce que de la liberté de ces peuples dépend aussi la nôtre"

                                                                                                 Pierre de Vallombreuse

 (Découverte du 19/05/12 lors de la Nuit des Musées aux Champs Libres à Rennes)